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Faut-il filmer la garde de votre enfant avec une caméra domestique ?
La question de savoir s’il est correct de filmer la garde d’enfant à son domicile soulève autant de débats qu’être surveillé(e) dans la rue par des caméras implantées à des fins d’enregistrements. Car disons-le, l’expérience urbaine confère une expérience dont il faut se servir pour répondre à cette interrogation. Personne ne peut s’accorder de façon unanime. Tout au plus il y aura 3 clans : celui des réfractaires, celui des convaincues et celui des personnes peu inclines mais avec une certaine flexibilité selon le contexte.
Les parents pourraient décider de surveiller leur assmat si l'enfant leur communiquait ne pas l'aimer, ou bien s'ils détectaient des signes potentiels chez lui pouvant le laisser supposer. Ce n'est pas une excellente idée, d'autres moyens plus directs et plus humains sont possibles. Telle est la synthèse que je fais après avoir échangé avec Betty, une professionnelle exerçant en profession libérale depuis 22 ans maintenant (le statut d'auto-entrepreneur n'en est qu'une déclinaison...) : les signes montrant que votre enfant n’aime pas la personne qui le garde.
7 professionnelles partagent leur avis avec vous.
Faire sa mission dans un cadre surveillé
Accepter ou refuser d'être filmée ?
Le plus souvent, la personne responsable de la garde de l’enfant a tendance à refuser l’idée d’être filmée, alors que les parents ont l’acquiescement plus facile quand il s’agit de leur domicile. Dans la rue, le fait d’être parent ne suffit plus pour être en accord, le problème étant d’être soi-même filmé(e)...
Il est légitime de ne pas se sentir à l'aise quand une professionnelle est regardée dans le cadre de son activité. Elle peut ne pas se sentir capable de faire son travail dans un environnement relaxant, et peut manquer de spontanéité. Par exemple, il peut devenir plus difficile avec cette contrainte, de faire des câlins à un enfant ou de le réconforter quand il pleure.
Quelques arguments
Certaines personnes argumentent qu’il y a des caméras dans beaucoup de lieux de travail, mais la différence tient ici en ce qu’il n’y a qu’une personne filmée : vous. Spontanément, une crainte très légitime surgit ; une toute petite chose pourrait être perçue d’une mauvaise façon. Pour illustrer ce propos, que se passe-t-il si durant la garde de l’enfant, votre progéniture est devant la télévision, aux côtés de l’intervenante qui regarde son téléphone portable ? Peut-être vérifie-t-elle un email durant un bref instant. Et d’une manière plus globale, il semble tout simplement irréaliste de divertir les enfants à chaque minute de la journée. Les parents eux-mêmes savent que c’est infaisable. Parfois, les enfants veulent juste se détendre ; les laisser faire ne signifie pas que vous ne remplissez pas votre mission.
Etre filmée ne rendrait pas paranoïaque ? Je sais que vous ne pouvez jamais faire entièrement confiance à quelqu'un que vous ne connaissez pas... Mais n’est-ce pas également pour avoir cette assurance que le site de garde d’enfant effectue des vérifications poussées, que les références sont interviewées et que des exercices pratiques servent à vérifier des aptitudes ? Happysitters effectue ces vérifications : une enquête est menée sur chaque candidate.
Ce qu’en pensent les professionnelles de la garde d’enfants
Manon garde un enfant de 7 ans, et ne souhaite pas être enregistrée. Elle exprime le franchissement d’une ligne éthique. Et de conclure que si elle ne pouvait pas avoir la confiance des parents, alors elle arrêterait de s’engager à leurs côtés.
Maryem travaille comme indépendante depuis 12 ans. Elle décrit un interview pour une mission à Lyon, où les parents regardaient justement sur leur Smartphone les allers et venus de leur fils pendant que Belle Maman s’en occupait à la maison. Elle a simplement refusé ce travail pour ce détail.
Cassandra a 2 ans de métier. Elle n’est pas dérangée par la caméra : « vous êtes chez eux, avec leurs enfants et leurs effets personnels. Tant qu'il n'y a pas de caméra dans la salle de bain et les toilettes, c’est d’accord ». Le site de garde d’enfant lui a soumis le cas d’école où l’un des parents regardait justement au moment où l’intervenante vérifiait ses emails et que l’enfant était devant la télévision : « je ne pense pas que cela dérange, tant que l’enfant reste sous surveillance. »
Camille gère à plein temps la garde de 3 enfants au domicile d’une famille qui adore la domotique. Pour une question de sécurité le papa a installer une caméra Netatmo à la maison, et même si elle peut la filmer, ce n’est pas à cette fin qu’elle est posée sur un meuble (cette caméra peut être posée comme un objet). Elle a communiqué aux parents, dès le départ, qu’elle comprenait leur droit d'enregistrer dans leur propre maison, mais quelle avait également le droit de savoir quand elle l’était, ainsi que de connaître l’emplacement de la caméra.
Un peu dans le même esprit que Camille, Paule-Marie n’est pas opposée aux caméras de surveillance, à condition d’en être informée dès l’interview de sélection. Elle dit avoir gardé des enfants sans savoir pendant les 6 premiers mois qu’elle était filmée : « j'étais assez contrariée par les parents qui ne m’avaient pas divulgué cette information pendant l'entrevue. Le problème est qu’un jour le plus jeune des enfants avait un petit embarras, et m’a vomit dessus. J’avais une chemise de rechange (j’en ai toujours une au cas où...) et, pensant être seule avec eux, je me suis changée devant l’œil discret de la caméra ! J’ignore si le papa m’a vue, mais j'aurais dû être informée de la caméra dès le premier jour ! Je me serais changée dans la salle de bain... ».
Adeline est joueuse. Après avoir su qu’elle était enregistrée, voilà qu’elle utilise la caméra comme moyen de communication avec les parents ! Pour le reste de ses interventions, elle l’ignore simplement et agit comme d'habitude. « Je pense que les caméras se justifient, mais il y a des limites à tout, et le sujet doit être abordé dès le départ ».
Carole apporte la conclusion à ces témoignages : « je crois que la présence de caméras vidéo est dans le meilleur intérêt de chacun. Malheureusement, nous vivons dans un monde voyeuriste pour des raisons de sécurité avant tout. Un jour, je la trouverais peut-être très utile. Je suis surveillée quand je suis au domicile, mais j’ai une liberté quand je promène l’enfant en dehors du domicile. Au départ, je recevais un SMS vous êtes à la maison ?, parce que Monsieur ne me voyait plus depuis un moment. Mais je me sens bien à l’idée de ne pas être blâmée s’il se produisait une situation inconfortable alors que je n’y suis pour rien.
Si vous n'êtes pas à l'aise avec le fait d’être enregistrée, discutez-en avec la famille. Voyez quelles sont les limites. L’important est que vous soyez à l’aise avec cette surveillance qui doit rester invisible. Mais invisible ne signifie pas rester dans l’ignorance. Concentrez-vous uniquement sur vos tâches.