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Baby-sitter : que souhaiteriez-vous faire savoir aux familles de votre travail ?
Différentes motivations animent chaque baby-sitter dans le cadre de la réalisation de ses missions. Dans la majorité des cas, une quête de reconnaissance est en fond : reconnaissez qui je suis, ce que je fais, etc. Pour d’autres, la reconnaissance de leur personne est totalement absente, et s’il y avait à faire savoir quelque chose de leur tâche, ce serait la douleur de quitter un enfant quand une mission prend fin par exemple. J’ai souhaité partager avec vous quelques reflets de ces souhaits.
La reconnaissance de la professionnelle
La plupart des intervenantes aimerait que les familles sachent à quel point il est vraiment gratifiant de passer du temps avec les enfants de manière professionnelle. L'impact qu’une baby-sitter a sur un enfant est réel, et la plupart encore est fière de partager une partie de leur vie et sans doute de leur réussite. Une recherche de satisfaction personnelle est assez forte en général.
Même s'il existait des jours plus difficiles, les bons l'emporteraient toujours sur les stressants. Comme le disait Gabrielle « je me souviens encore de mes maîtresses de la maternelle, car elles ont pris le temps de faire connaissance avec moi et de me faire sentir qu’elles m’appréciaient, et je pense que les enfants que j’accompagne aujourd’hui vont à leur tour se rappeler de moi pour les mêmes raisons ».
D’autres personnes cherchent une autres forme de reconnaissance : « j’aimerais que les familles voient que je m’investis auprès de leurs enfants, un peu comme s'ils étaient les miens ». Dans le même esprit, beaucoup de jeunes femmes disent que la tâche n’est pas toujours simple, et que si elles accèdent à ces missions, ce n’est pas en raison d’un quelconque magnétisme pécuniaire, mais parce qu’elles ont un savoir-faire réel ou en devenir.
Alexandra complétait même cette idée de la sorte : « les parents me confient leurs enfants parce que j’ai de l’expérience et de bonnes références, et non parce qu'ils ont simplement besoin que quelqu'un soit là ; auquel cas, que ce soit moi ou une autre personne, ce serait pareil. Donc si je suis choisie, c’est pour mes qualités professionnelles ».
Le lien avec l’enfant est mis en avant
D’autres jeunes femmes évoquent la fibre sociale : « je souhaite que les parents sachent que pour moi leur enfant n’est pas qu’une mission. J'ai un véritable lien avec eux, quelque chose que je possède depuis toujours dans mon ADN. Je ne pourrais pas imaginer une vie sans eux. Je suis fière de ma capacité à créer un environnement qui limite le stress et qui développe un lien de proximité avec eux ».
Ce qui nous amène doucement à évoquer la discipline. En la matière de discipline, une baby-sitter doit connaître suffisamment les règles familiales pour leur donner du sens. Simplement parce que les enfants veulent avant tout savoir s’ils peuvent confronter les intervenantes à leurs parents, faire en sorte que les 2 s’affrontent un peu. Cela rend l’éducation un peu plus difficile pour tout le monde, sauf si chaque protagoniste avance de concert. Il est toujours important que l’enfant puisse se rendre compte que toutes les parties sont soudées.
J’ai souvent retrouvé ce désir de créer un lien avec l’enfant. Beaucoup d’intervenantes résument la situation en ces mots : elles souhaiteraient que les parents sachent que leur désir d’établir un véritable lien avec leurs enfants. Elles ne veulent pas juste une mission pour payer des factures ou faire le plein dans leur voiture, non, elles veulent créer un lien avec ces petites gens et être une partie importante de leur vie affective.
Les sources de tensions
Pour d’autres baby-sitters, la communication devrait être focalisée sur les fins de mission qui sont les plus douloureuses pour elles. Diane est une jeune recrue, pour laquelle « il peut être très difficile de s’attacher émotionnellement ; ces enfants ne sont pas les miens, mais j’ai passé du temps en leur compagnie. Me dire que je ne vais plus les voir ni les accompagner le long de leur parcours est douloureux ».
Je crains toujours un peu ce genre d’approche qui manque de maturité : une intervenante n’est pas choisie pour partager la vie de l’enfant, mais pour l’accompagner un temps, généralement court. L’investissement doit être complété par ce que j’appelle un détachement affectueux. Savoir par avance que l’on ne compte qu’un temps dans le parcours de l’enfant permet de faire pour le mieux à chaque rencontre, et de passer à d’autres missions plus aisément. A vouloir s’investir dans les émotions de l’enfant, c’est une faiblesse de vos propres émotions que vous exprimez.
D’autres aimeraient faire savoir à quel point leur implication est une tension de chaque instant. Béatrice pensait que « beaucoup de parents estiment que le baby-sitting ressemble à une couverture d’un magazine où tout le monde est souriant et calme, mais en réalité, je suis toujours en train de surveiller leur enfant ».
En guise de conclusion, je laisse les derniers mots à Emilie qui « espère que les familles ont compris que c’est pour moi une source de revenus. Certes s'occuper des enfants est un acte d'amour, mais il exige de moi beaucoup d'apprentissage. Les enfants ignorent si je suis rémunérée ou non, sans tant est qu’ils sachent ce qu’est l’argent. ils savent juste que vous êtes la personne avec laquelle ils jouent et apprennent. Les familles devraient apporter une attention particulière aux détails, veiller à ce que la baby-sitter se sente à l'aise, qu’elles soient là pour nous soutenir, car nous pouvons également être là pour elles. Il est si important que nous formions une base communautaire solide dans le respect mutuel, la compréhension et l'amour. Les personnes qui en bénéficieront le plus sont les enfants.