L’enfant que vous gardez a des accès de colère en public ou quand il n’est plus tout seul avec vous ? Il existe tellement de choses à dire sur ce comportement… Je vais simplifier par une trilogie : amour, protection et limites. C'est la trilogie parfaite pour une nounou.

Avant tout, il est évident que chaque auxiliaire parentale désire manifester l'amour qu’elle ressent pour les enfants dont elle a la garde. Par conséquent, vous les protégez de tout mal, a fortiori s’il venait d'eux-mêmes. Sauf que vous oubliez parfois de fixer des limites appropriées. Je vous livre quelques astuces.

De saines limites

Les limites sont non seulement saines, mais nécessaires au développement des enfants. Qu’ils soient dans des environnements familiaux ou communautaires, privés ou publics, les parents et la nounou doivent définir et faire respecter ce qui est permis en termes de comportements et d’activités, et ce qui est interdit. Ces limites fournissent une structure à la façon dont les enfants grandissent et se développent, même durant vos heures de garde.

Mise en situation

Quelle professionnelle n'a jamais vécu ce moment au supermarché, où l’enfant veut une sucrerie industrielle que vous allez lui refuser. Face à votre refus, il commence à pleurer, à crier et à donner des coups de pied au chariot ou à taper le sol. En plus de cela, vous pouvez ressentir les regards des gens autour, ce qui vous met mal à l’aise.

Le triple chagrin

Selon votre expérience en tant que nounou, vous pouvez vivre ce que j’aime appeler « le triple chagrin » :

• Voir l’enfant souffrir
• Sentir les regards pleins de jugement
• Douter de votre capacité de faire ce qui est juste dans votre job de nounou

Mon conseil est de ne laisser aucun de ces trois types de chagrin prendre le dessus. Comment ?

Mettez-vous à la place de l’enfant

Pour exprimer ses besoins, pleurer est le moyen principal de communiquer une émotion négative sans beaucoup de mots. D’autant que les mots peuvent ne pas être accessibles dans son vocabulaire.

Les enfants vivent de nouvelles émotions chaque jour, et n’ont peut-être pas tous les outils pour gérer la complexité de leurs expériences. Rappelez-vous qu’ils apprennent de tout ce que les adultes font, dont leur nounou qui va les marquer pour la vie. Plus vous leur offrez de la compassion dans les moments difficiles, plus ils auront de la compassion pour les autres et pour eux-mêmes.

Donnez-leur le temps de traiter leurs émotions, tant pis pour le regard d’autrui. Votre attitude les aide à devenir des adolescents, puis des jeunes adultes indépendants en bonne santé mentale et émotionnelle. C'est donc très important.

Omettre les regards pleins de jugement

Plus les nounous acquièrent de l’expérience, plus elles constatent que les jeunes enfants expriment leurs sentiments n’importe où, voire de préférence quand il y a un public. Le meilleur conseil que je puisse vous donner est d’apprendre à sourire ! Et à respirer profondément, de façon à ne pas laisser le stress vous affecter.

J’ai même vu une nounou maîtriser parfaitement ce type de situation : elle a dit aux personnes qui les regardaient, avec le juste ton « il pleure parce que les pommes de terre sont plus chères ici ». Aurais-été capable de tant de subtilité ? Son attitude est ici très forte, parce qu’elle protège toute forme d’intégrité de l’enfant et d’elle-même, à la fois avec la réplique et le ton de son annonce. Il est en effet impératif de le protéger autant que vous-même des éléments et des personnes qui vous entourent tous les deux, pendant et après sa crise de colère.